samedi 19 mars 2011

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D'une vie à l'autre ou rupture... Chapitre XI (extraits)

Nous avons regagné nos foyers respectifs. Ma mère est rentrée chez elle, Varech et moi, sommes revenus chez nous. Fini les vacances !
Nous sommes début septembre, le temps est très doux. Un été indien se prépare.

Je ne suis pas mécontente de retrouver ma maison citadine. Mon grand lit, mon bureau, mon espace. Mes marques !

Je dois me rendre à l’hôpital local, pour un bilan et à la sécurité sociale, où je suis convoquée pour une raison que j’ignore.

A l’hôpital je suis prise dans le service d’un éminent professeur. Il m’impressionne, au départ, car sa compétence ne fait aucun doute et il est une autorité en la matière. Les ruptures d’anévrisme n’ont plus de secret pour lui.

Ma paralysie faciale le dérange. Cela ne devrait pas être.
- J’ai lu le compte rendu de l’opération et, en aucun cas, vous ne devriez avoir ces problèmes, dont celui d’élocution, en particulier.
- Docteur, ce ne devrait pas l’être, mais ça l’est, bel et bien. Mon visage est tordu, ma bouche n’est plus exactement sous mon nez.

Là, il s’énerve et se met à bégayer. J’ai appris ensuite qu’il bégayait dans les moments les plus courants de la vie. Souvent, si on le contrariait. Mais il perdait ce défaut dans ses conférences, où il était, alors, à son affaire.
Son staff reste muet, autour de lui. Moi, j’ai du mal à garder mon sérieux, devant cet homme qui se met presque en rage, niant l’évidence et bégaye tant qu’il n’arrive même plus à finir une phrase de manière intelligible, ni même intelligente.

Il commence, sérieusement, à m’énerver, le "mandarin". Je m’essaye à articuler du mieux que je peux :
- Docteur, je suis désolée, mais je ne puis vous dire que tout va bien pour moi, dans le meilleur des mondes possibles ! J’aimerais bien vous faire ce plaisir, mais c’est impossible, hélas. Le fait est là, je suis défigurée et j’ai du mal à prononcer certains mots.
Autant que vous, pensais-je en mon for intérieur.

Il est fâché, incontestablement, le professeur, d’être mis en défaut devant le personnel soignant et les carabins.
- Madame, vous… vous…vous n’y con…con…naissez rien. Le…le…le…le pro…pro pro...blème ne vient pas de votre op…op...op...pération.
- Docteur, quelle que soit la façon dont sont survenues ces complications, opération du Saint-Esprit ou autre, je les ai et je dois y faire face. Alors il faut trouver une solution pour sinon réparer, du moins améliorer cela !

Je parle laborieusement, mais en essayant de m’exprimer avec le plus de clarté possible.

Il ne riposte rien, furieux, mais préférant sans doute ne pas me répondre en bafouillant lamentablement, comme il vient de le faire.

Je le plains, car ce bégaiement est un sérieux handicap, aussi. A son stade, presqu’une infirmité. Je sens, instinctivement, qu’il m’a prise en grippe et que rien ne le fera changer d’avis, à mon sujet.

Il part dans une pièce contigüe, avec sa troupe et on me laisse seule.
Au bout d’un moment, une infirmière revient et m’explique ce que je vais devoir faire :
- Pour ce qui est de votre visage, un examen spécial, concernant les nerfs, devra être pratiqué. Pour votre élocution, c’est un problème mécanique, dans la mâchoire et vous allez avoir de nombreuses séances de rééducation, pour réparer cela.
- Gloups, me dis-je et de deux !
- Une nouvelle artériographie sera nécessaire, dans quelques semaines, pour vérifier si tout est rentré dans l’ordre et qu’aucun autre anévrisme n’est à craindre, termine mon interlocutrice.

Une ordonnance m’est donnée et dans la kyrielle de médicaments prescrits, je vois gardénal.
- Madame, pour le gardénal, vous direz au docteur que j’ai pris sur moi de l’arrêter. Cela m’abrutissait totalement. Je n’ai pas de crises d’épilepsie et si cela devait survenir, je reprendrai mon traitement.
- Attendez, me dit l’infirmière et elle repart dans la pièce à côté, quelque minutes, puis revient.
- Le professeur est très mécontent de savoir que vous avez arrêté, ainsi, sans avis médical, le gardénal.
- Mais puisque cet arrêt n’a pas provoqué de catastrophe et que je m’en porte plutôt mieux, je ne vois pas en quoi j’ai dérogé aux sacro saintes règles de la médecine !
L’infirmière sourit :
- De vous à moi, je vous comprends, mais le professeur est vraiment furibond contre vous, car vous lui avez tenu tête.
- Ce ne doit pas être dans ses habitudes, mais je ne pouvais pas le laisser nier ce qui est. Je "trimbale" ce problème, soi-disant inexistant, depuis 2 mois et demi en plein sur ma face. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir !
- C’est vrai, mais votre cas est une énigme pour le professeur, me confie l’infirmière et il n’aime pas cela.
- C’est quand même un comble de la part d’un médecin de refuser de voir la vérité en face. D’habitude, ils vous la collent en plein visage, sans ménagement, et à vous d’en assumer les conséquences, si vous en avez la force !
- Je sais, soupire l’infirmière et elle hausse les épaules.
- Je ne me suis pas fait un ami, aujourd’hui, lui dis-je avec un regret certain dans la voix. On avance mieux sur le chemin de la guérison, quand le médecin marche à vos côtés et vous soutient, moralement. Tant pis pour moi !
- Oui, c’est dommage, car c’est un grand professeur. Mais c’est aussi un fichu entêté ! me répond l’infirmière, d’un air comique de désapprobation à l’égard de son chef.

Quelques jours après mon retour de Bretagne, mon fils entre dans ma chambre, l’air sombre.
- Maman, il faut que je te parle.
- Oui, Rodolphe ?
- Eh bien voila, je me drogue à l’héroïne !

Petite phrase terrible, petite phrase qui tue. Je sens mes jambes se dérober sous moi. Heureusement je suis assise sur mon lit, car sinon je m’écroulerais sur le plancher de la pièce.

Tout se met à tourner. Je m’accroche à la couette en la griffant.
Le monde, mon monde -- qui avait déjà commencé son déclin -- finit de s’écrouler autour de moi. Rodolphe vient de lui asséner le coup de grâce ! Comme à moi, d’ailleurs !

J’essaye de reprendre mes esprits. Je respire à fond et attends que les battements de mon cœur, -- qui s’était mis à cogner, furieusement dans ma poitrine -- se calment.

Mon fils reste silencieux.
- Pourquoi, mais pourquoi, Rodolphe ?
- Je voulais que Papa s’occupe de moi. C’était ça ou une balle de révolver !

On y arrive, enfin, à son père. Je savais qu’un jour ou l’autre, ce problème parviendrait sur le tapis. La culpabilité du père, pour être parti en abandonnant son fils, la mienne de l’avoir laissé faire.
Comme si j’avais pu y changer quelque chose. Peut-on retenir un homme qui veut partir ?

Alors oui, il est parti parce qu’il ne m’aimait plus et oui je dois me sentir coupable de ce fait là ! C’est le cheminement de pensée de Rodolphe, depuis toujours. Et je le sens, je le sais, sans qu’il ait eu besoin d’exprimer un seul mot à ce sujet !